Agence Européenne du Médicament : un échec dont il faut tirer les leçons… sérieusement !

Il faut regretter que l’Agence Européenne du Médicament ne s’installent pas à Lille.

Il est vrai que, chose exceptionnelle sur la métropole lilloise, les acteurs locaux se sont unis pour soutenir cette candidature.

Alors que la métropole lilloise connaît une situation économique difficile, cette arrivée aurait permis d’insuffler une nouvelle dynamique, un pouvoir d’achat supplémentaire, un levier pour développer le secteur du médicament et un effet d’image évident.


Néanmoins, nous pouvons regretter que certains élus politiques locaux se soient empressés d’accuser le Président de la République Françaises, Emmanuel Macron, en lieu et place d’une prise de recul concernant les raisons plus profondes de cet échec. Plusieurs éléments doivent être avancés.

  1. En 2000, Martine Aubry, n’avait pas non plus su convaincre le Gouvernement dont elle était Ministre et numéro 2, d’accueillir le « projet Soleil » à Lille, ville dont elle était première adjointe. Les choix d’implantation des grands projets se font sur des critères larges et il n’est pas simple de faire pencher la balance du côté souhaité. A l’époque Saclay l’avait emporté pour des raisons de taille critique.
  2. En matière de médicament, Lille ne constitue pas un poids lourd, ni en Europe, ni en France. A ce titre, Lyon devance largement les autres grandes agglomérations françaises. En matière de R&D privée, Lille est par contre très en retard. L’échec de la candidature trouve donc des origines plus profondes. Les acteurs publics mènent des politiques sans doute adaptées pour rattraper ce retard, mais les résultats sont encore insuffisants.

 

  1. Soyons honnêtes, Lille avait comme concurrentes les villes de Copenhague, Milan, Barcelone, Amsterdam, etc. En matière de qualité urbaine et qualité de vie, notre métropole a encore beaucoup de travail pour atteindre le niveau des ces grandes métropole très attractives. Regardons le Grand Boulevard qui pourrait devenir une artère à la hauteur d’une grande agglomération : le spectacle est désolant. Le Vieux Lille, aussi beau soit il, n’est pas suffisant pour être au niveau de Copenhague et Barcelone.
  2. Il faut noter le comportement contre productif de certains de nos élus locaux qui, plutôt que de rechercher l’adhésion de notre Président, n’ont eu de cesse de le critiquer en termes très virulents, y compris le jour de sa visite le 14 novembre sur la métropole lilloise. Etait-ce le bon moment ? Cela fait plus de 10 années que nos élus ont des problèmes avec nos Présidents : Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron ont reçu tour à tour les insultes de certains de nos élus locaux. Il est temps de passer plus de temps à la politique locale et de mieux s’accorder avec ceux qui mettent en oeuvre les politiques nationales.
  3. En matière de Gouvernance, difficile de donner un message clair lorsque nous avons autant de portes paroles : Président de Région, Président de la Mel, Président du Conseil Général, maire de Lille et des autres villes, etc. Il nous manque une voix, une seule, incontestable et légitime pour nous représenter et effacer cette impression permanente de cacophonie. Il nous manque cette voix commune qui intègre aussi dans son discours le Louvre Lens qui fait partie du Grand Lille, qui intègre Dunkerque, qui intègre aussi Valenciennes. Le Grand Lille est fort, riche et dispose d’un potentiel unique en France s’il est présenté et gouverné de manière cohérente. Seule, la MEL n’est finalement pas grand chose, nous devons en prendre conscience.

Au final, nous avons beaucoup de travail pour faire mieux, faire grandir notre métropole et la mettre au même niveau que Milan, Barcelone ou Amsterdam. Si nous prenons notre territoire à la bonne échelle, c’est possible.

 

Lille, le 21 novembre 2017